Un enchanteur de Genève

Ceux qui croiraient que Genève n’a engendré que d’austères penseurs calvinistes en seront pour leurs frais s’ils prennent le temps de découvrir l’œuvre de Pierre Girard, Genevois intégral et assumé mort en 1956, qui composa une suite de romans où le merveilleux le dispute au cocasse, ordonnant un univers habité de banquiers poètes, de jeunes hommes rêveurs et de jeunes filles farouches. L’auteur de l’inoubliableCharles dégoûté des beefsteaks n’aura jamais connu la gloire qui l’indifférait : il possède néanmoins un tout petit groupe d’inconditionnels qui peuvent rêver que la réédition de l’un de ses titres introuvables, Othon et les sirènes, révèle quelques vocations de prosélytisme. Que cet arbrisseau planté en terre helvète venge ce bel écrivain oublié.