Cacher ce que l’on veut montrer

Les entretiens d’Éric Chevillard ne sont après tout pas si fréquents qu’il faille faire l’économie des subtiles questions de Blanche Cerquiglini et des excellentes réponses qu’y apporte l’auteur de Dino Egger. C’est dans le dernier numéro (le 767) de la revue Critique et, s’il y est beaucoup question du dernier opus, on pourra découvrir d’intéressantes remarques de celui qui jour après jour construit l’Autoficif avant de le confier à son éditeur talençais : à la question de savoir si ce blog est un « laboratoire d’expérimentation narrative », l’auteur nous dit que « tout est possible dans ce journal, (qu’il ne s’y) donne aucun impératif de vérité ou de véracité mais elles n’en sont pas bannies pour autant. Les trois fragments, précise-t-il, entretiennent souvent un lien que je suis seul à connaître (…) Je cache ce que je veux montrer, je compte sur l’intelligence du lecteur pour ne pas s’y tromper… » Les habitués du blog (qui ne sont souvent pas les acheteurs du livre, quel dommage pour l’auteur, si mal récompensé de son talent quotidien…) l’ont compris depuis longtemps : les fidèles du livre noir annuel le découvre page après page. A lire donc sans retard cet entretien éclairant sur l’un des plus novateurs écrivains de la littérature actuelle.