Le retour tardif de Yanette Delétang

Parution en ce jour des défunts, d’un petit livre auquel nous tenons beaucoup, sans doute parce qu’il semble venir de nulle part et qu’il ne fera peut-être qu’un feu de paille quand il nous paraît mériter un feu de joie : Les Séquestrés a été publié juste après la guerre (à la Table ronde), signé d’une dame (à peine) connue pour sa poésie et ses amitiés avec de grands poètes qui ne firent d’ailleurs pas grand chose pour elle. Passé quasi inaperçu, il a sombré dans l’oubli comme des centaines d’autres romans, sauf que sa singularité et sa beauté le préservaient en secret.
Quand Mathieu Terence, qui n’est pas seulement un bel auteur mais un fabuleux lecteur, en a causé avec nous, nous y avons vu un signe du destin : ainsi quelqu’un d’autre avait lu ce roman et lui reconnaissait une place à part. Au diable le risque de flop : accord fut conclu pour faire renaître cette histoire de fascination amoureuse, agrémentée d’une sienne préface, et lui redonner chance de séduire des lecteurs et lectrices soixante-dix ans après sa parution. Nous avons demandé au grand illustrateur Gérard DuBois d’en écouter les échos pour les muer en dessins (et le choix ne fut pas facile). Et pour elle, nous avons créé une nouvelle collection Inconnues qui se ressortira des livres oubliées d’auteures passées à l’as de la postérité.
Quelques voix enthousiastes nous laissent imaginer qu’il se passera peut-être quelque chose autour de ce livre. Nous les écoutons, avec ce mélange de naïveté et d’enthousiasme qui caractérise bien des éditeurs nocturnes.
Yanette, nous voici donc pour vous libérer d’une trop longue séquestration…