La sexualité bordelaise comme ma poche

Jean-Yves Cendrey

Ce livre est précieux à plusieurs titres.
Il va permettre aux rares personnes qui ignorent tout du Bordelais Pierre Molinier (1900 / 1976) de discrètement combler cette honteuse lacune.
Mais aussi il va en apprendre à ceux qui croyaient bien connaître « lartiste érotomane, le provocateur, et premier des performeurs ». Cet hurluberlu inspiré flirta avec le surréalisme. André Breton en chanta « le génie ». Et la narratrice, fille de la romancière Yvonne Bérouf, a tout lieu de craindre qu’il ne soit son père.
Adepte du travestisme, fétichiste des jambes qui a d’abord et toujours adoré les siennes, amuseur irascible dangereusement amateur d’armes à feu, peintre qui payait de sa personne en mêlant son sperme à ses couleurs, photographe avant-gardiste, expérimentateur sans tabou érotiquement intarissable, ce funambule sexuel vaut encore par sa correspondance exaltée avec Emmanelle Arsan, dont les Emmanuelle mondialement célébrées paraissent, en comparaison, des bluettes à peine suggestives. De plus, Pierre Molinier a réussi sa mort. Ce fut un chef-d’oeuvre de préméditation et de défi dans ce Bordeaux qui crut pouvoir l’oublier, jusqu’à le voir resurgir, tel un diable de sa boîte, et, en ricanant, réclamer des hommages.
Quête et enquête, le récit révèle l’existence d’un extraordinaire objet que l’artiste appelait « calebasse du néant » : la calotte crânienne de son père, bol décoré de sa main qui lui servait à la dégustation de son bordeaux.
Ce livre enfin, fidèle à l’esprit Comme ma poche, est le guide que tout un chacun attendait pour comprendre comment une ville aussi peu sensuelle que Bordeaux, l’ancienne négrière, malpropre et assoupie, est devenue la plus désirable de la France. Farcie de clubs libertins, amoureusement assaillie par les Parisiens, la voilà désormais heureuse de célébrer son plus terrible enfant d’adoption : un certain Pierre Molinier.
Peu après la parution du quatrième tome de Histoire de la sexualité de Michel Foucault, voici celle du deuxième tome d’une drôle d’Histoire de la sexualité par Jean-Yves Cendrey.

 


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