Djinn serré

“Un essaim de frelons vrombit à l’intérieur de son crâne.Il reste immobile, sans ouvrir les yeux, les genoux ramenés sous lui, le front posé sur le sol dur et froid – sans doute le carrelage de la cuisine.Il a exagéré.Il se sent rempli d’un liquide amer, nauséabond. Il sait que le moindre mouvement le fera déborder. Ne pas bouger d’un cil. Attendre.Parfois l’essaim s’éloigne. C’est alors un angélus d’enfer, sonné au rythme du pouls par dix battants de cloches.”
La littérature, qui elle-même peut en procurer, s’intéresse souvent à l’ivresse, mais plus rarement à ce qui la suit et qu’on appelle trivialement la “gueule de bois”. Jean-Marie Laclavetine, écrivain très talentueux dont nous sommes des fidèles depuis longtemps et pas seulement parce qu’il a grandi à deux pas du port de Bordeaux, revendique avec esprit son amour pour les fruits de la vigne, il en a même pressé un vigoureux recueil de nouvelles dont l’une se penche sur ce moment terrible qui suit l’absorption excessive de boisson alcoolisée. On se gardera de dévoiler l’idée géniale qui anime le texte pour en réserver la surprise aux amateurs de bons crus. Car Laclavetine, précis, inventif et malicieux, est un fameux sommelier. Et comme nous aimons multiplier les plaisirs, nous aurons la joie d’avoir un dessin du grand Siné, autre amateur de bon vin, en couverture de ce nouvel Ivre de caisse, sur les meilleurs comptoirs à partir du 7 juin.