Certains appelleront ça de la ténacité, d’autres, moins conciliants, de la naïveté voire “de l’aveuglement face à la réalité du marché” ; pour nous, cela semble aller de soi si nous continuons à croire en notre étrange métier : éditer des nouvelles (étrangères qui plus est) relèverait de l’approximation économique (et d’une forme de suicide commercial) ? Tant pis, accrochons-nous et faisons-le en beauté : éditer Achille Campanile, sans doute l’un des plus drôles des écrivains de son siècle, nous réjouit au plus haut point (normal pour un campanile) et récompense des années d’efforts à la poursuite d’ayants droit intouchables, guidés par l’intrépide Lise Chapuis qui offre ainsi à sa collection selva selvaggia un de ses fleurons. Traduit par Françoise Liffran et Marie-José Tramuta, ce recueil dévoile tous les aspects de l’humour et du talent d’Achille, de l’absurde au psychologique en passant par la satire et le franc délire. Umberto Eco ne s’y trompait pas qui le citait à tout bout de champs (d’asperges). Et comme nous voulions un joli livre, nous avons demandé des illustrations à Alain Pilon, en espérant que son nom conjurera le mauvais sort… Nos camarades libraires ont été fort prudents pour l’accueillir dans leurs rayons (“les nouvelles, ça ne marche pas, etc…”), si vous ne le trouvez pas chez eux ou que vous habitez loin de tout commerce alors que vous êtes tenaillés par une énorme envie d’asperges (spécialité allemande au demeurant), vous pouvez, à défaut, le trouver dans notre potager.