“Un essaim de frelons vrombit à l’intérieur de son crâne.
Il reste immobile, sans ouvrir les yeux, les genoux ramenés sous lui, le front posé sur le sol dur et froid – sans doute le carrelage de la cuisine.
Il a exagéré.
Il se sent rempli d’un liquide amer, nauséabond. Il sait que le moindre mouvement le fera déborder. Ne pas bouger d’un cil. Attendre.
Parfois l’essaim s’éloigne. C’est alors un angélus d’enfer, sonné au rythme du pouls par dix battants de cloches.”
Ainsi débute Djinn, le texte que Jean-Marie Laclavetine, sans doute inspiré par un excellent Sancerre, a distillé dans son précieux alambic littéraire. A notre connaissance il s’agit d’un des plus remarquables récits de lendemain de cuite jamais imaginé. Sa scène finale est simplement anthologique et mériterait d’être lue à haute voix dans tous les débits de littérature à l’heure de l’apéro (qui d’ailleurs approche à grands pas). La couverture (et l’intérieur de couverture) de ce petit opus à forte teneur en alcool est signée du grand Siné qui savait ce que boire en bonne compagnie veut dire, et ce n’est pas la moindre de nos joies en éditant ce nouveau volume de l’Ivre de caisse, “la collection de livres à boire d’un trait de plume”.