Au bout du tunnel

Très (trop) longtemps que notre arbre n’avait accueilli d’auteur sud-américain. Grâce à l’ami fidèle Guillaume Contré, ce dommageable impair sera réparé en octobre et en beauté avec la publication d’un roman qui nous a emballés dès que son traducteur s’en est fait l’habile promoteur auprès de nous. Venu du Chili, Sur un os (A la carcel, en V.O. publié chez Alto pogo), signé Ricardo Elias, est un livre noir aussi drôle que profond.L’emprisonnement commençant à leur taper sur le système, une poignée de détenus décident de se faire la belle en creusant un tunnel. Rien d’original à cela, sauf qu’en route, ils tombent sur un os, ou plutôt sur une collection d’os qui, réunis, forment un parfait squelette de rarissime dinosaure. De taulards, les voilà qui se muent en archéologues amateurs, tandis que leur secret se répand dans une prison gagnée par la passion de la paléontologie : visites guidées, cours de préhistoire, tout est bon pour faire connaître leur enthousiasmante découverte. C’est évidemment sans compter sur l’administration où la méchanceté des matons le dispute à la bêtise du directeur qui, après avoir regardé d’un bon œil cette métamorphose, s’en inquiète. Mais il est risqué de contrarier des prisonniers qui ont sorti leurs têtes du gouffre de l’ennui en découvrant les vertiges de la culture. Fable caustique, Sur un os est de ces romans taillés dans le vif qui laissent des traces longtemps, très longtemps. Nous espérons réussir à transformer notre enthousiasme en petit succès, ce roman venu de loin le mérite !