Un nouvel article sur notre Microbes de printemps avec celui signé Bernard Daguerre pour la revue de l’Ecla Aquitaine que nous reproduisons in extenso, c’est dire s’il est élogieux.
Les mânes de Robert Sheckley et bien sûr de Jorge Luis Borges sont à convoquer à la lecture de ces nouvelles d’un désopilant auteur argentin, nouveau venu dans le monde du fantastique débridé. Ces textes nous enseignent, d’une bien ironique et jubilatoire façon, comment la fiction de l’écriture rencontre le monde de la maladie pour de savoureux et jubilatoires big-bang.
Les mots pour le dire peuvent-ils être un remède aux maux qui souvent nous accablent ? Telle est l’orientation générale de ces neuf nouvelles qui conjuguent, avec une grande drôlerie, sens de l’absurde et humour le plus noir possible. On y voit quelquefois des enfants élevés dans une stricte obédience hygiéniste développer soudain d’affreuses et implacables maladies. Le recours à la littérature, aux mots chantés, scandés, ne suffit pas. Quant aux adultes écrivains, ils mesurent sans cesse l’espace entre le domaine fini des mots et l’abîme vertigineux où s’engloutissent les affections. Le lecteur pourra admirer la maîtrise sans faille du vocabulaire médical, les savantes références à Hippocrate ; ou bien être saisi de vertige à la progression de ces microbes qui fouaillent le corps, y cheminent bravement et s’y installent définitivement. La mort ne vient pas toujours ponctuer la chute des récits qui accompagnent celle des corps, mais qu’elle renvoie souvent à un infini, un au-delà de l’espace et du temps, pas moins angoissant que la disparition promise. Et les projets les plus fous, de la « critique d’outre-tombe » à celui d’assassiner, carrément, la littérature ne sont pas les moins décapants. Une belle réussite littéraire, bourrée à craquer d’extravagance maîtrisée, signée d’un nouvel auteur argentin.
Bernard Daguerre
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