La littérature étant la condition de ma survie, je tendis en bonne logique et très naturellement ma carte Vitale au libraire afin de régler mes achats de livres : il crut à une blague, esquissa un sourire indulgent et réclama la monnaie d’un ton plus ferme. Pour une fois que j’étais sérieux.
Aussi curieux que cela puisse sembler, la littérature dans notre pays est encore plus mal traitée que l’homéopathie : pas moyen de s’en faire délivrer la moindre dose avec l’assentiment de la Sécurité Sociale.
En attendant qu’un législateur cultivé s’avise de cette absurdité, on peut néanmoins profiter en ligne chaque matin d’un élixir de jouvence gratuit : trois cuillers de Chevillard, souverain remède contre la paresse intellectuelle.
Ou, plus justement, acquérir chaque année ce baume de félidé, cet onguent nommé L’Autofictif. On prétend qu’il est idéal pour soigner les brûlures, de l’âme en particulier. Et qu’il ne se périme jamais.
“Monotobio se donne pour mission de scruter douze années de journal pour faire ressortir la nécessité d’actions qui pourraient, au premier regard “naïf et globuleux”, sembler dépourvues de lien.”
Isabelle Rüf dans Le Temps
mars 2020
“Monotobio, c’est en quelque sorte le contre-pied d’Emmanuel Carrère : aucune autre vie que la mienne – et une tranquille et réjouissante impudence à assumer cet égotique projet.”
Hubert Prolongeau évoque l’autobiographie d’Eric Chevillard, Monotobio, parue en mars aux éditions de Minuit.
Télérama, 11/03/2020
Libération
janvier 2020