La vie est un fleuve

“La vie est vraiment un fleuve. Quand on dit qu’elle s’écoule, on parle avec une justesse terrible. Un fleuve. À certains tournants, sans que l’on sache pourquoi, soudain, voilà l’eau qui se précipite en torrent, bouscule tout sur son passage, couvre des lieues en quelques minutes, déchire jusqu’à ses rives dans un emportement dont la fureur a malgré tout quelque chose de joyeux : comme l’élan de qui se jette, les bras ouverts, au-devant de son des- tin. Et puis, tout à coup encore, et sans autre raison, elle s’arrête. On la dirait épuisée. Elle s’étale lourdement sur des prairies aussi plates qu’elle-même ; elle traîne, paresseuse, s’attarde dans toutes les anses, recueille tous les débris, s’engorge de toutes les vases.” Voici quelques lignes de Francis de Miomandre, bel écrivain recalé par la postérité dont nous republierons, après Mon caméléon, Direction Étoile, un scintillant et mélancolique roman d’amour que préfacera Bernard Quiriny et qu’illustrera Régis Lejonc. Départ du quai le 10 novembre.