H comme Migraine

J’ai mal à la tête.

Combien de fois ai-je répété ces mots ?

Et au moment même où ils franchissent mes lèvres, réalisé que rien n’a changé. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de le dire : j’ai mal à la tête.

Ce n’est pas la vérité ou l’exactitude que je recherche lorsque j’énonce j’ai mal à la tête. Ni même la compassion de mon interlocuteur (on a beau s’épancher, la douleur reste avant tout une affaire personnelle, où l’autre ne peut tenir qu’un rôle mineur). Non, ce que je désire, inconsciemment, c’est capturer le mal de tête dans le filet du langage. M’en débarrasser par le simple fait de le nommer.

Voici les premières lignes du prochain roman de Raphaël Rupert (à paraître en mars), l’inoubliable et célébré auteur d’Anatomie de l’amant de ma femme qui fit quelque bruit il y a bientôt trois ans. Son titre est on ne peut plus explicite et nous plonge, avec cette légèreté inquiète qui est la marque de l’auteur, dans le quotidien horrible et incommunicable du migraineux chronique. Sauf qu’avec Rupert, pas question de se lamenter : il faut faire quelque chose pour s’en sortir. C’est là que les aventures et les ennuis commencent. Nous n’en disons pas plus sur ce roman – pas prise de tête du tout (pardon) – qui nous permet de retrouver la drôlerie inquiétante d’un jeune auteur dont les petites cellules grises s’activent douloureusement pour la plus grande joie du lecteur bien dans la sienne.