Ce petit volume rassemble deux nouvelles cingantes et ironiques comme seul D.H.Lawrence savait les trousser. Elles proviennent du recueil The Lovely Lady et illustrent une thématique chère à l’auteur du Serpent à plumes. En s’inscrivant dans la tradition britannique des miniatures incisives dans lesquelles les auteurs exercent leurs talents aux dépens de leurs pénibles concitoyens, se livrant aux joies de l’analyse, voire de la psychanalyse, Lawrence reprend cet art de la touche allusive, presque poétisantes, en y ajoutant son sens de la cruauté.
La première nouvelle, La charmante dame, nous expose un cas exemplaire, un type de femme presque monstrueuse qui parcourt la littérature anglo-saxonne et dont on trouve des échos jusque chez Tennessee Williams. La beauté, la grâce, l’éducation raffinée mettent horriblement en valeur la méchanceté impériale de cette mère qui, telle une mante religieuse, broie et élimine ce qu’elle prétend aimer et protéger.
Dans Mère et fille, à rebours du premier texte impitoyable dans sa conclusion, la victime se rebelle et trouve l’énergie pour échapper dans le même mouvement au célibat et à la férule pénible de sa mère, en s’offrant le luxe d’un mari susceptible de révulser totalement le snobisme de cette dernière. Savoureux, espiègle, ou perfide au choix.