Né d’une volonté d’essayer de nouvelles formes narratives, Y penser sans cesse est une étape importante dans l’œuvre d’un écrivain qui refuse de limiter son art au seul terrain romanesque ou dramatique. Ni poème, ni chant, cette envoûtante partition dévoile plus que dans aucun autre de ses livres la volonté de donner à entendre une voix. Marie NDiaye a composé ces pages en imaginant les lire devant un public, ce qu’elle accomplira d’ailleurs au moment de la sortie du livre dans le cadre d’un projet, intitulé Die Dichte, mené par Denis Cointe qui a, pour cette édition, imaginé un parcours visuel, en écho à l’« histoire ». Parce qu’il sera joué aussi en Allemagne, nous avons choisi de proposer une traduction de ce texte. Mais où ce projet trouve toute sa force c’est que, sans accompagnement, dans le silence d’une lecture intime, on retrouve cette puissance qui fait de Marie NDiaye un écrivain exceptionnel, vibrante jusque dans ses silences. On y découvre ses thèmes obsédants revisités de façon elliptique, quelques fantômes, quelques traces d’un passé douloureux qui ressurgit et, pour la première fois, des lieux de Berlin, cette ville qu’elle investit de ses démons familiers.