Héritier en droite ligne de Rabelais en passant par les forêts, anarcho profus qui conteste jusqu’à la langue des maîtres, roi de l’argot qu’il fait briller sur les routes de sa fuite permanente, héritier d’un Maupassant dont il outrepasse la profondeur, cynique sans être vicieux, sorte de Villon en prose, Marc Stéphane est un chemineau d’envergure dont il faut relire les râpeuses aventures qu’il narra au moment où il pensait ne plus avoir droit à la moindre audience.
On est d’emblée saisi par ce beau parler du trimard qui illumine la vision sombre d’une société parallèle où la liberté se paie fort cher. Dans ces pages incandescentes de colère, c’est toute l’histoire d’un gars, d’un vrai, d’un « tatoué par la malchance » qui s’est inventé une langue de révolte.
Un livre qui dit merde aux bourgeois et le dit sans détour, mais en prenant la tangente.