Sur un os

Ricardo Elías

Plongé dans l’exiguë cellule carcérale de prisonniers qui luttent contre l’ennui abyssal, le lecteur se prend bientôt d’affection pour la joyeuse bande formée par les détenus, nouveaux archéologues de l’Alcatraz chilienne, qui ne tardent pas à découvrir une véritable trouvaille paléontologique. Un début intriguant mais fluide, qui nous emmène au cœur du quotidien d’une prison, agrémenté d’une ironie plutôt cinglante, qui ne masque pourtant pas la violence et la brutalité du lieu.

Comédie donc, tout aussi touchante et attendrissante qu’absurde et terriblement réaliste, ce petit opéra de malfrats naïfs à la réflexion un peu gauche mêle l’ennui quotidien de la prison, l’ineptie des activités manuelles d’un directeur à la masse, le désespoir des détenus et la perfidie du maton Lillo à un récit bien mené, rapide à lire, drôle dans ce qu’il a de plus touchant et original dans son revirement de situation.

Une intrigue épurée où les personnalités excentriques côtoient les grosses brutes et où les Lenny et Georges hispaniques, Lalo, solitaire personnage austère et Boticheli, sorte d’andouille bienveillante, entreprennent l’opération d’évasion, par-delà le mur effrayant baptisé Guillermo. Perdus dans ce qui ressemble à « une autre dimension » remplie de livres, c’est dans leurs pages que se trouvent les clés de la liberté et de l’espoir : l’os fossilisé devient la curiosité de la bande de bras cassés.


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