Sensitivity reader…la fonction de ce lecteur chargé de repérer dans les manuscrits tout ce qui pourrait choquer ou blesser telle ou telle catégorie de personnes me paraît absolument nécessaire. J’emploie moi-même un écorché vif qui, tous les soirs avant mon coucher, se glisse dans mon lit pour s’assurer qu’il ne reste pas des miettes de biscotte entre mes draps.
Prudences nouvelles, susceptibilités intransigeantes, lectures paranoïaques, réécritures mièvres, censures sournoises, que faisons-nous d’autre désormais qu’arracher les fleurs du mal à pleines brassées ? Notons que, dans l’opération, le mal ne subit aucun revers, au contraire, il engraisse toujours la terre entière comme notre petit pré carré de ses putréfactions. Mais nous n’aurons plus les fleurs.
Chaque nouvelle année de L’Autofictif nous confirme à quel point Éric Chevillard est dépourvu de bienveillance. Sa littérature malaisante cette fois encore ravira les misanthropes, les cyniques, les désespérés, les cafardeux et les atrabilaires et déplaira, en revanche, à tous les rabat-joie.
“Un régal au goût fort épicé, à consommer en petites tranches. Risque d’accoutumance, addiction assurée.”
Pierre Maury dans Le Soir
juin 2024
“La publication de son journal découpé en notations éparses, L’Autofictif en quatorze recueils parus aux éditions de l’Arbre vengeur, a achevé de me prouver que je me fourrais le doigt dans l’œil, comme dit San-Antonio, “jusqu’à pouvoir me gratter l’omoplate par l’intérieur”. Chevillard est d’évidence un des grands écrivains de notre temps, à la fois génie de l’aphorisme et surdoué du non-sens, et surtout un observateur très fin des dérives grotesques de notre monde et de la fin de la littérature .”
Frédéric Beigbeder dans Dictionnaire amoureux des écrivains français d’aujourd’hui
octobre 2023