Un âne (qui plus est mort) et une femme (en deux morceaux) dans le même titre, c’est beaucoup. Cet excès fait précisément le plaisir de ce livre ahurissant que nous rééditons et qui paraîtra au mois de mars, orné d’un beau dessin de Stéphane Trapier. À la fois parodie du roman noir anglo-saxon et pur récit macabre, L’Âne mort et la femme guillotinée de Jules Janin reste, avec ses outrances et son lyrisme, une des grandes œuvres de la littérature romantique française. Ici, tout concourt à susciter la frénésie : la morgue, les personnages horribles, les fous, la place de Grève, les prisons mal famées, les bourreaux, le cimetière de Clamart où sont enterrés les suppliciés récupérés au plus vite pour les carabins…
C’est dire combien cet extraordinaire roman dégage une odeur de soufre et de ténèbres.
Satire de la corruption et de l’horrible, ce roman de l’ombre et de la lumière ouvre la voie au roman fantastique moderne, ainsi qu’aux plus grands spécialistes de l’humour noir contemporain. Il a permis la jonction d’un romantisme trop frénétique et d’un modernisme échevelé. Qu’il soit introuvable depuis si longtemps nous semblait une incongruité. Voilà cette injustice réparée et cet âne ressuscité.
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