Enfin au catalogue ! Charles Nodier fait partie de nos classiques chéris, de ceux qui ont apporté au romantisme cette magie qui lui faisait un peu défaut et cette fantaisie qui aura tant de descendants (qu’on songe au fantastique Histoire du Roi de Bohême et de ses sept châteaux, livre génial que nous n’avons jamais osé rééditer), et aujourd’hui le voilà inscrit au milieu de nos branches. Joies de la réédition !
Paru en 1822, Infernaliana reste un des textes les plus méconnus du grand Charles, qui aimait aussi se dissimuler pour mieux opérer et séduire. Au long des trente-quatre récits que compte cette sorte d’anthologie infernale d’un style nouveau, le créateur se révèle comme le précurseur inattendu d’un certain Nerval et d’un fameux Lautréamont, pour ne pas parler des surréalistes qu’il semble anticiper de près d’un siècle… Il y compile avec un mélange de malice et de naïveté une série d’anecdotes, de récits, de témoignages plus ou moins crédibles, de petits romans sur un sujet qui fera florès : vampires et fantômes. On connaît l’avenir en France de ces deux thèmes sur lesquels les Anglais nous avaient précédés. Ce recueil est augmenté d’une indispensable préface d’une de nos figures tutélaires, Hubert Juin, poète, romancier, critique, éditeur (de plusieurs collections géniales dont nous sommes des inconditionnels), un texte érudit où l’auteur des “Hameaux” règle quelques comptes avec de bons esprits et s’engage sur une belle définition du fantastique. Rien que pour ces pages lumineuses, ce livre vaudrait la peine ! Il reparaît en tout cas plus de cinquante ans après sa dernière édition et nous en sommes heureux !
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