Pourquoi Ambrose Bierce n’est-il pas dans la bibliothèque de toutes celles et ceux qui attendent de la littérature qu’elle les remue, les bouleverse, les scandalise ? Bierce c’est l’art de faire de chaque nouvelle dont il est un maître une plongée dans les abysses de l’âme humaine, que ce soit celle d’un soldat aux abois ou d’un civil horrifié. Les grandes ou définitives ironies de la vie constituent son matériau de prédilection, la terre qui se dérobe sous les pieds de ses marcheurs effarés sa géographie. Cette Amérique, devenue effarante aujourd’hui, il la raconte dans les plus violents de ses soubresauts, notamment ceux que révéla la Guerre de Sécession. Et à le lire, fasciné par son culot, c’est l’arrière-fond du Nouveau Monde qui semble apparaître sous nos yeux ébahis.