Par ici l’interview

L’avantage avec les interviews par mail c’est que l’on peut prendre son temps pour répondre sottises et énormités. La preuve avec cet entretien réalisé par Stéphanie Joly pour le site de Paris-ci la culture où se confirme le goût pour la concision des éditeurs. C’est donc ici.

 

Ou là :

 

Depuis combien de temps existe la maison d’édition ?

Nous avons créé la maison il ya dix ans à peu près, mais tout cela reste un peu brumeux car nous avions beaucoup bu. On fêterait bien l’anniversaire mais vraiment on ne sait trop…

 

Quelle est votre ligne éditoriale ?

Editer de la littérature qui se refuse au conventionnel, privilégier l’insolence à l’indolence, admirer le style et fuir les clichés, persifler, railler, moquer, ignorer les frontières temporelles et géographiques, se venger dès que c’est possible, etc…

 

Comment êtes-vous venu à cette activité, pourquoi être éditeur ?

Libraire, c’est éreintant, écrivain, il faut du talent, bibliothécaire, c’est ennuyeux, éditeur, on se couche quand on veut.

 

Selon vous les conditions se sont durcies depuis quelques années ?

Les éditeurs se plaignent par nature et par vocation, ils chouinent à la moindre occasion, accusant les libraires d’aveuglement, les diffuseurs d’incompétence, les lecteurs de manque de curiosité, les auteurs de manque de discernement, la banque de frilosité. Cela a toujours été difficile, il suffit d’écouter ce que racontaient les éditeurs il y a un siècle. Mais tout un discours faussement militant de défense de l’indépendance a cours alors qu’il n’y a rien de plus individualiste qu’un éditeur, petit ou grand. C’est vrai, c’est la crise depuis quarante ans et les « petits » doivent faire preuve de plus d’imagination dans un milieu où où les « grands » se méfient désormais de tout le monde  et où il est très facile d’imprimer des livres, moins de les faire reconnaître.

 

Vous sentez-vous « petit » éditeur ? Qu’est-ce qui définit ce rang selon vous ?

C’est surtout en fin de salon du livre qu’on sent très fort. Pour le reste on n’est pas invité dans les cocktails, c’est un signe.

 

Pouvez-vous nous parler des libraires ?

Ils sont souvent très beaux, belles d’ailleurs car ce sont la plupart du temps des dames. Ils font de l’exercice car c’est un métier physique. Ils regardent moins la télé que les autres. Ils aiment beaucoup découvrir de nouveaux talents mais ce sont souvent les mêmes et en même temps. Il y en aura de moins en moins. C’est dommage, c’est un des plus beaux métiers qui existent.

 

Comment voyez-vous l’avenir ?

En vert.

 

Que pensez-vous du numérique ?

Il faudra bien y penser quand ça nous tombera dessus.

 

Comment avez-vous réagi à l’annonce de la hausse de la TVA au début de l’année ?

En relisant La Princesse de Clèves.

 

Comment vivez-vous les salons en général ? Différenciez-vous le salon du livre des autres salons ? Et pensez-vous que les organisateurs voient une différence entre vous, et les autres éditeurs ?

Mince, on n’y avait pas réfléchi. Ne serions-nous pas traités comme les autres ? On aime beaucoup les salons, ça permet de rejouer enfin à la marchande. Si on pouvait seulement enfermer le joueur de cornemuse qui vient nous les briser tous les ans à la Porte de Versailles.

 

A quelle fréquence publiez-vous vos ouvrages durant l’année ?

Un par mois, histoire de garder le rythme et de ne pas nous rendre compte qu’on est plus en forme quand il y en a moins.

 

Comment vivez-vous la rentrée littéraire de septembre ?

Comme une vaste foire d’empoigne à laquelle nous participons par goût du vice…

 

Propos recueillis par Stéphanie Joly