« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe : « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. »
Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où « on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d’ennui. » N’ayant réussi à n’être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d’hiver s’est fixé une ligne de conduite : « vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. »
C’est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes qu’une quatrième de couverture doit taire.
Jean-Pierre Martinet, l’auteur de cette longue nouvelle parue en 1979 dans Subjectif, est mort en 1993 : il a marqué les lecteurs, trop rares, qui ont croisé son œuvre. En attendant de redécouvrir ses textes les plus denses, cette Grande vie signalera aux intrépides son talent halluciné et les noirs excès de son humour désespéré.
“Martinet vole à haute altitude dans le ciel littéraire. Il est grand temps de lever la tête vers lui.”
– Livres Hebdo, 10 novembre 2006
“Histoire trépidante et cocasse (mais attention : “il n’y a pas de drame, chez nous, messieurs, ni de tragédie, il n’y a que du burlesque et de l’obscénité”) où l’humour de Martinet, pas loin de rappeler, par moments, le rire – sans parler des amours – jaune de Tristan Corbière, atteint une fois de plus sa cible.”
– Remue.net, 22 décembre 2006