Plus aucune tombe en Hongrie ne porte le nom de Joszef Brenner connu désormais sous celui de Géza Csáth (1887-1919). Evanouis les restes de ce grand écrivain longtemps interdit qui usa sa courte vie à chercher la « vérité absolue », passant de l’art à la psychanalyse (dont il fut en Hongrie un des premiers défenseurs) avant de sombrer dans un naufrage morphinomane.
Ses nouvelles, tantôt oniriques, tantôt réalistes, nous offrent le spectacle d’une folie qui annonce un siècle tout entier placé sous ce signe. Elles osent dire, avec une précision souvent cruelle, ce que nos fantasmes les plus indicibles expriment de nos terreurs ou de nos tourments. Ne faut-il pas la découverte d’écrivains partis au bout d’eux-mêmes pour calmer en nous la peur du gouffre ? Csáth, qui brûla de l’intérieur sa brève existence, appartient à cette fratrie de possédés, abandonnant à notre inquiète raison et à notre penchant pour le mystère ces textes uniques, impudiques et rares, derniers témoignages de son funeste génie.