Certains livres peuvent être considérés comme de « sombres objets » à manipuler avec précaution, Monsieur Ouine, l’ultime fiction publiée par Bernanos en 1946, peut rejoindre Le Maître de Ballantrae ou Les carnets du sous-sol. Largement moins connu que Sous le soleil de Satan ou Journal d’un curé de campagne, ce titre est considéré par les bernanosiens comme l’opus majeur. Histoire de la catharsis d’un petit village autour de la figure d’un professeur rongé par la tuberculose à l’influence délétère et au charisme morbide, ce roman représente un infini filon de noirceur, Bernanos approchant au plus près de son gouffre intérieur avec ce livre absolu sur le mal et le néant qu’il affronte, comme un naufragé solitaire en dérive face à ses démons.