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Nom de noms

Gilles Verdet

Au début, il y a Rien. À la fin aussi.
Rien avec une majuscule, un nom propre mais pas commun, un nom pas facile à porter. Et puis il y a Personne qui va changer sa vie.
Au début, il y a Rien. À la fin aussi.
Entre les deux s’entremêlent des histoires singulières. Des lignes de vies qui s’entrecroisent d’un chapitre à l’autre, engendrent des rencontres improbables, des occurrences impromptues et des destins incertains, suscitent des envies de sexe et de meurtre. Et attirent des convoitises d’argent rapide.
Souffleur de vers, colleur d’affiche, photographe de rue, auteur de jeunesse, comédien renommé, écrivain ou capitaine de gendarmerie, tous les personnages sont touchés par la grâce ou la malédiction de l’aptonymie, la force du déterminisme patronymique qui prédestine à leurs désirs, induit leur posture et une part de leurs affects. Certains en jouissent, d’autres tentent, malgré eux, de résister à ce malheur.
Et si Lediable, spécialiste de l’inconscient des autres, était la femme qui avait tout manigancé, tout écrit, tout nommé ? L’écriture deviendrait-elle un crime parfait ?

Ce serait sans compter sur l’impondérable. Ni sur la « nécessité extérieure » avec laquelle André Breton élabore son « Hasard objectif ». Et qui inspire, à sa façon, la trame de ces fictions détachées et de ces aventures en cascade.

Car dans chaque récit qui nourrit ce roman choral, s’entrechoquent, avec humour et dérision, des petites destinées et des grandes déconvenues. Des mensonges anodins et des grandioses impostures. Des accès de cupidité et des personnalités doubles. Des vies ratées et des espérances déçues. Pendant qu’autour d’eux se vide le canal Saint-Martin pour son nettoyage décennal. Il découvre les débris, les rebuts et les objets obsolètes enfouis dans la fange et la boue. Et met au grand jour tout ce qu’on aurait tant souhaité dissimuler…


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