Land and England

Une petite dystopie de temps à autre, cela fait du bien (et puis c’est à la mode, un peu comme nous il y a quinze ans), surtout quand elle a le charme irlandais et la patine d’avant-guerre (dont nous ne datons pas, nous le précisons). Parue en 1935, Land under England de Joseph O’Neill est une des plus belles et des plus intrigantes réussites du genre. Elle immerge le lecteur dans les tréfonds d’une civilisation descendante des Romains qui s’est installée sous la terre, au bord d’une vaste mer intérieure, entourée d’angoissantes ténèbres. Le héros qui découvre cette civilisation réfugiée loin de la surface réalise le vieux fantasme de sa famille persuadée depuis des siècles de l’existence de ce monde. Intrépide, il va entreprendre de raconter dans le détail cette terre peuplée d’animaux et de plantes fantastiques où l’humain a développé une société impitoyable (et télépathe) dont toute liberté est bannie, faisant de l’individu un serviteur absolu de l’État. La Terre sous l’Angleterre mêle superbement aventure hallucinée et réflexion dystopique, écrite en pleine montée des périls, ce qui explique un peu la date de parution choisie innocemment par nous. Notre édition comportera une remarquable préface de Guy Costes, le co-auteur de l’inoubliable Les Terres creuses (avec Joseph Altairac) qui en connaît un bout en matière de ténèbres. Et la couverture a été réalisée par l’inoxydable Greg Vezon bien sûr !