Bloy l’imprécateur

C’est sûr, on ne devrait pas, ce n’est pas bien raisonnable d’éditer pour la quatrième fois les Histoires désobligeantes de Léon Bloy : trop furibard, trop excessif, pas assez policé pour nos temps inquiets et précautionneux. Car personne n’est à l’abri de sa vindicte et de son entreprise de démolition, et notamment les imbéciles qui peuplent ses contes comme ils occupent l’espace public dans le monde réel aujourd’hui comme hier. Il adore désobliger, c’est sa marotte. Incendier, c’est sa jouissance. Et choisir les mots les plus précis et les plus précieux pour le faire, provoquant une hilarité dont nous avons pu, une fois encore, près de vingt ans après notre première édition, en relisant les épreuve, ressentir les effets. Alors, oui, c’est peut-être un peu anachronique de s’intéresser à Bloy, mais quel plaisir de rire de ses excès, de sa langue, de sa véhémence qui ont toute leur place dans notre arbuste agité.