Sous le verre transparent d’une vaste pyramide, sous les hauts plafonds d’un palais transformé en musée, s’agite, parfois lentement, tout un peuple de déclassés qui font tourner la mécanique huilée du tourisme de masse, dans un silence qui n’est pas toujours résigné. Le héros qui raconte son aventure fait l’expérience de la manière dont l’ennui absolu peut être transmuté en révolte, de la façon dont, en s’accrochant aux livres et parfois aux autres, on peut survivre au vide qui engloutit tant et tant de costauds qui n’en finissent pas de s’effriter à longueur de mornes journées.
Journal qui ne dit pas son nom, La méfiance du gibier sera notre roman de la rentrée, c’est le troisième de Stéphane Guyon qui y fait preuve d’une maîtrise narrative épatante et parvient à fragmenter une expérience pour en exprimer autant l’horreur que la beauté, celle qui naît des moments de désespoir.