Lever le pont

On le dit à chaque fois désormais ou presque, et cela en deviendrait presque une triste antienne (amen), mais publier désormais des nouvelles tient non plus de l’apostolat comme il y a quelques temps, ou de la dévotion, mais bien désormais de la folie pure… Nos amis libraires n’en veulent plus ! C’est pourtant là et depuis toujours que se distille ce que la littérature a de plus pur et de plus intense. Nous suivons depuis ses débuts le travail du trop discret Christophe Langlois, ce gentleman qui n’a jamais un mot plus haut que l’autre et doit parfois se demander ce qu’il fait dans l’arbre agité de ces olibrius vengeurs, il pratique une forme de fantastique qui a peu d’équivalents chez ses contemporains, très inspiré par Borges notamment (dont il est capable de mémoire de citer in extenso des nouvelles, c’est impressionnant) ou Dino Buzzati et Roald Dahl, ce qui n’est pas incompatible… Il y a longtemps que nous lui réclamions une suite à Boire la tasse (Grand Prix de l’Imaginaire 2012) et Finir en beauté. Il nous a fait le plaisir, à la faveur d’un repli loin de l’agitation, de nous composer un nouveau recueil, œuvre de maturité qui nous enchante par sa drôlerie teintée d’une franche inquiétude. Cet écrivain a un talent fou, sans doute pas très “tendance” (mais qu’est-ce que ça veut bien dire ?) ; nous aimerions bien en convaincre plus qu’une poignée d’héroïques défenseurs d’un genre en perdition ! À retrouver donc dans les trente librairies qui ont eu la curiosité de lui faire franchir le pont-levis…