A Sue et à dia !

Quoi de neuf ? Eugène Sue bien sûr !
Et pas le plus connu de ses livres. C’est tellement surprenant parfois d’aborder un auteur par ses débuts et d’y découvrir une force et un culot que le temps adoucit souvent (mais pas avec Eugène qui eut la chance de ne pas vieillir à l’Académie française). Nous reprenons ainsi le bref mais saignant Kernok le pirate qui, au-delà du divertissement réel qu’il procure, charrie son lot de visions et de folies. La préface de François Angelier (merci à lui !) pose bien les enjeux de ce court texte tout sauf anodin :
” C’est tout d’abord l’entrée en scène, après une jeunesse trépidante, d’un conteur-fleuve, d’un dandy politique qui fera du récit populaire une machine à rêve et à frisson ainsi qu’une arme idéologique ; c’est ensuite une mise en place d’archétypes littéraires : ceux des romans de course, des sagas piratières, où les acteurs et les types sont sujets à un agencement sans faille (la devineresse, l’auberge, la femme du capitaine, l’abordage, l’exil à terre) ; c’est enfin le débordement de l’humour gothique, horriblement cocasse, hugolien, vers une esthétique de plus longue portée : celle de l’humour noir et de la férocité grinçante. Eugène Sue annonce la couleur, dandy, socialiste et conteur né, il choisit le mauvais esprit et la fièvre aventureuse contre le sentimental et le bien-pensant, académique et religieux. Entre canonnière et canonisation, dès ce jour son choix est fait.”
Comme c’est bien dit, n’est-ce pas ?
A retrouver dans toutes les librairies où il y a encore des vagues.