Vogue le navire

Cinquante ans après la parution de son premier roman, Mon poing sur la gueule, que nous rééditâmes avec joie il y a deux ans, paraît aujourd’hui notre 300 ème livre (mazette, déjà !) le nouveau texte d’un octogénaire plus vif que jamais, François Salvaing. Ce court roman nous plonge littéralement dans les flots tumultueux d’une crue dévastatrice comme le sud-est en connaît parfois à l’occasion d’orages monstrueux, le narrateur s’accrochant désespérément au cercueil en bois de rose de sa mère qu’il voit filer dans les eaux démontées d’une rivière devenue fleuve. Cette immersion presque suicidaire va l’entraîner dans un voyage paradoxal, fait de délires et de souvenirs, vers ses origines, à la redécouverte d’une figure maternelle très (trop ?) aimée. Ce petit roman, vibrant d’une émotion contenue, parfois joyeuse, souvent inquiète, nous rappelle qu’il faut parfois un temps infini pour accomplir son deuil. Et cela, il arrive à la littérature d’y parvenir de façon éclatante, comme dans ces quelques pages que nous jugeons inoubliables.