Une vie brûlée

Quand l’Histoire a effacé les traces d’un héros oublié, il demeure la littérature pour lui redonner sens et vie. Jeune garçon embarqué comme mousse sur le navire de Champlain qui fondera Québec dans la douleur, Étienne Brûlé fut sans doute le premier Européen à arpenter les territoires inviolés des tribus natives dont il apprit les langues. Durant ces premières années cruciales où les mondes, après leur rencontre fortuite, ont cherché à se parler, ce gueux mystérieux, témoin du crépuscule d’un temps et de la naissance d’un autre, servit de traducteur, repoussant jusqu’à l’extrême la radicale expérience du Nouveau Monde. Arnaud Maïsetti poursuit son aventure éditoriale à L’Arbre vengeur entamée avec le brûlant Saint-Just & des poussières, en proposant en janvier son nouveau roman, Brûlé vif, quête d’un personnage obscur de l’Histoire auquel il insuffle la puissance de son langage. Peu d’écrivains possèdent, comme lui, cette ferveur, cette manière d'”habiter les mots” pour raconter un passage sur notre terre d’ombres. Nous sommes très heureux de l’accueillir une nouvelle fois dans notre arbre.« On ne sait presque rien de l’existence d’Étienne Brûlé qui n’a été racontée, en pointillés, que par les prêtres et les conquérants qui le méprisaient. Nul besoin d’inventer cependant pour aller, suivant son pas, là où personne n’est allé, où personne n’ira plus — seulement se mettre à l’écoute des langues éteintes, des anciens chants et des rituels perdus. »