Jean-François Elslander

S’il compte parmi les minores des Lettres belges du XIXe siècle, Jean-François Elslander n’en a pas moins laissé derrière lui une oeuvre qui frappe par sa violence extrême et l’outrance langagière nécessaire à son expression.

Né à Bruxelles en 1865, cet instituteur que l’on surnommait le « lycanthrope du naturalisme » fait son entrée en littérature en 1890, avec la parution de Rage charnelle à l’enseigne du fameux Kistemaeckers. Ce premier roman, où les pires déviances de la psychopathia sexualis sont illustrées, depuis l’inceste jusqu’à la nécrophilie, sera saisi par les justices française et belge, mais bénéficiera dans les deux cas d’un non-lieu. Après avoir encore publié de brefs récits chez le même éditeur – et encouru les mêmes aléas judiciaires –, l’anarchiste Elslander s’intéressera d’une part à la pédagogie (on lui doit dans ce domaine plusieurs essais où il défend une école rénovée, appliquant les principes de l’autoéducation rationnelle prônée par Francisco Ferrer) et d’autre part aux Beaux-Arts (il animera longtemps la célèbre galerie fondée à Bruxelles par le Français Georges Giroux, une expérience qui lui inspirera une série d’évocations d’artistes belges, en particulier les « fauves brabançons », dans sesFigures et Souvenirs d’une Belle-Époque, paru en 1944).

Même s’il continue de publier sporadiquement des romans plus mesurés et moins macabres que ceux commis en sa jeunesse (Le Musée de Monsieur Dieulafait, 1908 ; Parrain, 1910), Elslander se tiendra loin des cercles littéraires à partir des années 1910 et ce jusqu’à la fin de sa vie. Il s’éteint à Ostende en août 1948, sans laisser de descendance.