Marc Stéphane

L’écrivain Marc Richard, né en 1870 à Saint-Étienne est très tôt l’indépendant, le réfractaire qu’il restera toute sa vie. Jeune orphelin de père, il se brouille avec sa mère à 17 ans et prend la route. Il est trimardeur, vagabonde à travers la France et ne se stabilise qu’à la fin du siècle lorsqu’après avoir publié ses premiers récits dont À toute volée (1891) il opte pour le pseudonyme de Marc Stéphane et donne les Savants Devis et joyeux rythmes d’un buveur de soleil. Fier et digne « hobo », il y revendique « l’inénarrable honneur de vivre pauvre et de saigner les larmes du Calvaire pour la plus grande gloire d’un art intransigeant, assoiffé d’absolutisme ». Bien engagé, il entreprend une série de pamphlets dans l’esprit des en-dehors Georges Darien et Léon Bloy dont il sera l’ami. Il les intitule Aphorismes, boutades et propos subversifs d’un ennemi du peuple et des lois (1903-1910). Parallèlement, il publie sous sa propre marque du Cabinet du pamphlétaire des romans et un témoignage sur Saint-Anne, La Cité des fous (1905), où l’avait mené une crise aiguë de délire. Cet internement lui offre aussi le sujet d’“Un drame affreux chez les tranquilles” (in Contes affronteurs), un chef-d’œuvre de la littérature fantastique et d’effroi. Pendant la Grande Guerre il s’engage malgré son âge et en rapportera d’édifiants récits (Ma dernière relève au bois des Caures). Son plus beau succès, régulièrement réédité, est Ceux du trimard.

Il meurt en 1944 après quelques années à délirer une plume en main.

 

“Marc Stéphane, l’ami d’il y a dix ans, m’a envoyé un livre : La Cité des fous, souvenir de son séjour à Sainte-Anne. Je m’attendais à un livre complètement détraqué. C’est, au contraire, un livre très raisonnable.”

Léon Bloy, L’Invendable (27 avril 1905).