Erckmann-Chatrian

Alexandre Chatrian (1826-1890) et Émile Erckmann (1822-1899) formèrent durant plusieurs décennies un duo connu sous le nom commun d’Erckmann-Chatrian. Lorrains tous deux, ils se lièrent pendant leurs études avant d’entamer dès 1847 une riche collaboration, le premier se concentrant sur la composition et l’édition quand le second se chargeait de la rédaction. Ils débutent dans le domaine fantastique avec un premier recueil de contes, L’Illustre Docteur Matheus (1859) qui va très vite leur amener le succès. Exploitant les paysages et le folklore de leur région d’origine, ils vont se lancer dans un vaste cycle qui puise à la fois dans le vieux fond légendaire hérité des germains et la peinture du quotidien alsacien et vosgien. Dix-sept romans vont paraître parmi lesquels L’Ami Fritz (1864) et Histoire d’un homme du peuple (1865) ainsi qu’un grand nombre de contes (Contes du bord du Rhin, 1862) parmi lesquels ont été retenus ici ceux d’inspiration fantastique. Leur dette envers Edgar Poe qu’on découvre alors et E.T.A. Hoffmann ne masque pas néanmoins l’originalité de leurs visions. Par la suite leur œuvre va exalter le sentiment patriotique (Histoire d’un conscrit de 1813, 1864 ; Waterloo, 1865) et l’annexion de l’Alsace en 1871 leur gagnera un nombre immense de lecteurs. Les dernières années de leurs vies seront gâchées par une brouille sévère que la maladie mentale de Chatrian rendra définitive.

 

«Les contes fantastiques d’Erckmann-Chatrian s’apparentent à des récits criminels, voire à des faits divers, expliqués par le surnaturel (…) À les lire, on a l’impression que les deux auteurs les ont rédigé avec une volupté sadique et qu’ils font tout pour susciter le malaise et l’effroi, non sans recourir au vocabulaire le plus direct et le plus efficace.»

 (Jean-Baptiste Baronian in Introduction aux Contes fantastiques complets, première édition en un seul et même volume des nouvelles fantastiques d’Erckmann-Chatrian, Néo, 1987)

 

«Erckmann-Chatrian ont enrichi la littérature française de nombreux écrits fantastiques, dans lesquels une malédiction héréditaire déploie ses dernières forces… Leur aisance à créer une atmosphère de terreur est admirable et leurs contes portent la marque de l’horreur la plus grande. Certaines contiennent des abîmes sans fond de ténèbres et de mystères.»

 H.P. Lovecraft (cité par Jean-Baptiste Baronian)