A vingt-quatre ans, Henriette Valet quitte son coin de pays pour monter à Paris. Elle était entrée au P.T.T. à Moulins ; elle reprend son métier de téléphoniste dans la capitale, où elle fait la rencontre des jeunes intellectuels de l’éphémère revue Philosophies, Morhange, Guterman, Friedmann, Politzer et surtout Henri Lefebvre, qu’elle épouse en 1936.
Elle participe aux quelques numéros de la revue Prolétariat d’Henry Poulaille, lit avec enthousiasme Jean-Christophe de Romain Rolland, Clarté d’Henri Barbusse, et, encouragée par ses amis philosophes, finit par écrire ce roman au titre singulier, Madame 60 bis. Le livre paraît chez Grasset, où Poulaille est conseiller littéraire, au moment justement où l’éditeur réédite Le Pain quotidien. Ramon Fernandez les chronique d’ailleurs ensemble dans Marianne le 16 mai1934, célébrant deux livres qui rendent compte avec exactitude de la vie du peuple. Madame 60 bis impressionne par le scrupule de la composition et la maîtrise expressive de l’écriture, témoigne d’une force d’évocation et d’une acuité de l’observation qui attestent d’incontestables dons littéraires.
Après Madame 60 bis, Valet fait paraître un deuxième roman, Le Mauvais Temps (Grasset, 1937), signé de son nom mais composé à quatre mains avec Henri Lefebvre, bien qu’on ignore qu’elle a été la part exacte de ce dernier.
La page « Du même auteur » du Mauvais temps nous apprend qu’elle mit en chantier un roman, Maison Églantine, premier volume des Chroniques de la prospérité ; l’œuvre ne parut jamais, si tant est que l’auteure mena ce projet à terme. Au lendemain de la guerre, Valet signe une pièce, L’Île grande, dont la première a lieu au Théâtre de l’Œuvre, le 1er septembre 1946, dans une mise en scène de Teddy Bilis. Par la suite, on perd complètement sa trace. Nul ne saurait dire ce qu’elle est devenue.