Régis Messac

Formidable précurseur, Régis Messac, né en 1893, fils d’instituteur, qui deviendra enseignant, il est le premier Français à s’être intéressé de près au « roman de détection » — appellation d’époque du polar —, en le portant sur les bancs de l’université avec une thèse qui fait date, « Le “Detective novel” et l’influence de la pensée scientifique », rédigée à son retour d’un long séjour en Amérique du Nord. Auteur prolifique sur une courte période, habile à manier l’anticipation et la chronique sociale, il s’était très tôt rebellé contre un système (on lui doit un pamphlet À bas le latin!) qui le marginalisera.

Blessé à la guerre, il est un pacifiste convaincu. Il a une intense activité de critique (il écrit les premiers essais littéraires sur la S.F.), de traducteur et de romancier durant les années 30. Gagné par un pessimisme acide, il imagine des contre-utopies: Quinzinzinzili (1935), La Cité des Asphyxiés (1937) ou le posthume Valcrétin (bientôt réédité par L’Arbre vengeur) indiquent que rien de l’avenir « messacien » n’est souriant. Motivés par la provocation dont il espère qu’elle conduira à un soubresaut moral (« Où est le bonheur ? Dans l’accord avec son milieu. Si nous vivons parmi les Crétins, soyons crétins. »), ses récits présentent une vue panoramique de sociétés futures ou parallèles. Les éditions Ex-Nihilo ont entrepris la réédition de ses œuvres augmentée de nombre d’inédits.

Arrêté par les Allemands en 1943, déporté « Nacht und Nebel », il disparaît en Allemagne en 1945.